Présentation d’un cabinet d’ébène du XVIIe siècle – 2ème partie

Présentation d’un cabinet d’ébène du XVIIe siècle – 2ème partie

Nous poursuivons notre série d’articles présentant un important cabinet d’ébène « aux Sept Vertus » disponible dans la boutique de Méounes Antiquités. Nous nous intéresserons dans cette partie aux origines des cabinets d’ébène et à la structure du nôtre.

Histoire des cabinets

C’est à partir du XVIe siècle qu’on voit apparaître en Europe l’utilisation de l’ébène pour des pièces uniquement de petite taille, étant donné la rareté et la difficulté à travailler cette essence. Grâce à l’édit de tolérance de Nantes instauré en 1598 par Henri IV, les menuisiers flamands et allemands de confession protestante s’installent à Paris. Ils importent alors leur savoir-faire à partir du début du XVIIe siècle ainsi que la technique du placage dans la fabrication des meubles français réalisés jusqu’alors en bois massif. L’utilisation de l’ébène et la technique de placage fait alors naître le terme « ébéniste » et constitue un jalon primordial des arts décoratifs en France.

Ce type de cabinet est par conséquent la représentation de la naissance de l’ébénisterie parisienne et tient une place particulièrement importante dans l’histoire de l’art français. Ce monument du mobilier français qu’est le cabinet parisien présente des dimensions imposantes. Les premiers contrats de commande mentionnent des dimensions de 6 pieds de haut par 5 pieds de large. Le « pied du Roi » étant équivalent à 32.48 cm, on parle alors d’une hauteur de 195 cm par 162 cm de largeur. Le cabinet que nous présentons mesurant 204 cm de hauteur par 179 cm de largeur, il fait partie et dépasse légèrement les plus grandes productions parisiennes.

Ce meuble emblématique offre un contraste saisissant entre le placage de feuilles d’ébène en façade donnant un aspect austère et le théâtre intérieur, vif, coloré et dynamique. Ces théâtres sont savamment composés de marqueterie d’ivoire, de bois coloré, de palissandre, d’os, de miroirs mais aussi de peintures comme nous le verrons par la suite.

Le placage sobre offre un contraste saisissant avec le théâtre intérieur

L’ébène appréciée de l’aristocratie

L’aristocratie montre un grand intérêt pour ces pièces et est vite suivie par la grande bourgeoisie. Les panneaux en façade sont sculptés de scènes religieuses, mythologiques ou allégoriques selon le choix de l’iconographie faite par le commanditaire. On peut alors parler de commandes prestigieuses réalisées en fonction des désirs, des goûts et de la profession de la rare clientèle ayant les moyens de s’offrir de telles pièces.

Servant à l’origine à renfermer papiers importants et objets précieux, ces cabinets restent principalement des meubles d’apparat et spécialement pour ceux de grandes dimensions. En effet, d’autres cabinets de plus petites dimensions apparaissent par la suite.

Notre cabinet de 204 cm de hauteur par 179 cm de largeur et 58 cm de profondeur est composé en partie haute de deux vantaux principaux surmontés de deux grands tiroirs abondamment sculptés de personnages. Les deux vantaux sculptés de scènes allégoriques ouvrent afin de découvrir douze tiroirs dont certains en simulent deux petits ainsi que deux petits vantaux. Ces derniers laissent découvrir un théâtre particulièrement vif et coloré agrémenté de miroirs, colonnes, bois dorés, ivoire, marqueterie, et peintures sur bois. Des tiroirs secrets sont également présents. Le tout repose sur un piètement à six pieds torsadés en bois noirci et ouvrant à deux tiroirs plaqués d’ébène.

Les deux vantaux découvrent douze tiroirs et deux petites portes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.