Après avoir analysé le panneau aux vertus cardinales et théologales, nous étudierons ici le panneau de gauche du cabinet d’ébène ainsi que les grands tiroirs du haut et le piètement.
Amphitrite, épouse de Poséidon
Il est important de noter que les reliefs des scènes principales des cabinets d’ébène sont sculptés par les ébénistes à partir d’inspirations décoratives en vogue à leur époque. Selon Agnès Bos, les gravures constituent la source d’inspiration majeure de décoration mais elle n’est pas la seule. C’est également le cas des tapisseries ou des plaquettes de bronze. Les scènes mythologiques et religieuses sont prépondérantes. Les gravures ont des origines variées avec des estampes françaises, italiennes et flamandes. On peut par exemple citer les plus célèbres : Nicolas Chaperon, Michel Dorigny, Antonio Tempesta… On remarque également une proximité chronologique étonnante entre la date d’édition des illustrations et la réalisation des panneaux d’ébène à partir des dites illustrations. Les amateurs de cabinets d’ébène suivaient donc l’actualité littéraire et artistique. On sait que les ébénistes modifiaient les compositions originales pour adapter des formats parfois rectangulaires à un format circulaire.
La scène du vantail de gauche montre Amphitrite, l’épouse de Poséidon et Déesse de la mer, sur son char. Elle est entourée d’animaux fantastiques, d’hippocampes, de Néréides, qui forment son cortège.
L’iconographie d’Amphitrite est peu répandue dans l’art grec mais elle devient une figure très appréciée aux époques classiques à partir du XVIIe siècle. Elle est notamment présente dans Le Triomphe de Neptune par Nicolas Poussin. On trouve une gravure d’Amphitrite sur son char par Hendrik Goltzius, graveur néerlandais, au début du XVIIe siècle.
Tiroirs et piètement d’origine
Les deux grands tiroirs du haut sont sculptés de scènes aquatiques d’hommes luttant avec des monstres marins, de chevaux de mer et de Néréides qui forment le cortège de Poséidon et font écho au vantail d’Amphitrite. Cette ornementation océanique fantastique est clairement inspirée des gravures de Michel Dorigny.
Le piètement d’origine repose sur six pieds torsadés dont les deux centraux tournés vers l’intérieur et les quatre autres vers l’extérieur. Les colonnes sont finement sculptées de feuilles, de pampres de vigne et de grappes de raisin. Le tablier central au visage grimaçant rappelle les quatre satyres de chaque panneau. Les deux tiroirs plaqués d’ébène sont sculptés de fleurs uniques et de fleurs entrecroisées.
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