Poursuivant notre analyse d’un important cabinet d’ébène disponible en boutique, nous nous intéressons ici à l’iconographie des deux panneaux principaux de cette pièce.
Les deux vantaux sont sculptés de scènes prises dans des cercles à moulures ondées, eux-mêmes encadrés de quadrilobes. Les cercles sont marqués à quatre reprises de visages de faunes, satyres ou Lupercus. Les espaces libres des vantaux sont sculptés de fleurs, ils sont surmontés de figures allégoriques féminines et soutenus en partie basse par des chérubins.
Les vertus cardinales et théologales
Le vantail de droite composé de nombreux personnages est une allégorie des Sept Vertus aussi appelées vertus catholiques. Elles sont composées des quatre vertus cardinales : la Prudence, la Tempérance, la Force d’âme, la Justice. Ces dernières sont décrites par Aristote, Platon et Thomas d’Aquin. Les trois autres vertus sont les vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité. Les vertus sont généralement représentées de façon allégorique sous les traits de femmes. Elles ont des attributs symboliques qui varient selon les artistes et les auteurs.
En partie basse les quatre vertus cardinales semblent soutenir les trois autres vertus théologales.
De gauche à droite :
- La Justice tient une balance
- La Force d’âme brandit une épée
- La Tempérance tient une urne, elle est généralement représentée versant un liquide d’un vase à l’autre. Ceci doit être compris comme un geste destiné à couper le vin avec de l’eau ou d’équilibre des niveaux
- La Prudence tient un miroir afin de s’y voir mais également de regarder les dangers venant de l’arrière
En partie haute et de gauche à droite :
- La Charité est entourée de deux enfants qu’elle accueille
- L’Espérance semble tenir une coupe dans laquelle brûle une flamme
- La Foi tient un calice contenant l’hostie consacrée
Au centre de la scène, la colombe du Saint-Esprit resplendit et rayonne.
Une iconographie originale
Ce rare choix allégorique n’a, d’après nos recherches, pas d’autre équivalent dans les cabinets d’ébène. Dans l’art décoratif, on peut retrouver ces vertus peintes par Raphaël dans la Chambre de la Signature au Vatican. Le tombeau de François II, duc de Bretagne, sculpté en marbre de Carrare est une œuvre majeure de l’art de la Renaissance représentant les vertus cardinales. Les vertus théologales peuvent aussi être vues à la Scuola Grande dei Carmini à Venise, dans la salle du chapitre. Simon Vouet a également peint les quatre vertus cardinales dans la chambre d’Anne d’Autriche au château neuf de Saint-Germain.
Dans une position assise au-dessus des deux vantaux on retrouve certaines des Sept Vertus : La Justice, la Foi mais également la Tempérance qui tient en plus de son urne, une bride. La Charité est cette fois représentée tenant une grenade, symbole du cœur enflammé de Jésus. En dessous, quatre chérubins à trompette soutiennent les deux panneaux dans une allégorie de la Renommée.
Nous étudierons dans la quatrième partie l’iconographie aquatique du panneau de gauche et des tiroirs.
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